L’or grimpe alors que tout vacille autour. Voilà l’un des rares actifs capables de traverser les tempêtes financières sans sombrer. Acheter de l’or, c’est diversifier son patrimoine, mais aussi s’offrir un véritable parachute en cas de crise économique. Pièces, lingots, ETF répliquant la performance du métal jaune : les options ne manquent pas pour s’exposer à cette valeur atypique. Décortiquons les chemins qui mènent à l’or, entre métal tangible et or papier.
Plan de l'article
Pourquoi investir dans l’or ?
L’or, refuge et rempart face aux secousses
L’immobilier rapporte des loyers, les actions versent des dividendes… L’or, lui, ne génère ni revenus ni intérêts. Pourtant, beaucoup choisissent ce placement. Pour une raison simple : il rassure quand tout vacille.
L’or reste le point d’ancrage des patrimoines inquiets. Utilisé comme monnaie d’échange depuis la nuit des temps, le métal précieux continue d’inspirer la confiance. Les banques centrales du monde entier en stockent des quantités astronomiques : la Banque de France détient plus de 2 400 tonnes d’or, tandis que l’ensemble de la zone euro approche les 10 000 tonnes. Ces réserves servent de garantie, gage de solidité face aux imprévus.
Quand les marchés dérapent, c’est justement ce socle que recherchent les investisseurs. L’or n’a jamais perdu de sa valeur au fil des crises, et il y a fort à parier que cela ne changera pas. Dans la gestion d’un patrimoine, il agit comme un coussin amortisseur. Les marchés actions s’effondrent ? L’or a souvent tendance à grimper. Cette dimension contracyclique s’illustre parfaitement sur le graphique ci-dessous.
Regardez l’évolution de l’or face aux actions américaines. Sources : S&P, FRED, Finance Heroes. Même si la corrélation n’est pas absolue, l’or a progressé lors de l’éclatement de la bulle Internet, la crise des subprimes ou encore la pandémie de Covid-19. Les faits parlent d’eux-mêmes.
Un rempart face à l’inflation
Les banques centrales peuvent imprimer autant de billets qu’elles le souhaitent. Plus la masse monétaire augmente, plus la monnaie perd de sa valeur. Résultat : l’inflation rogne le pouvoir d’achat.
L’or, lui, existe en quantité limitée. Impossible d’en créer à la demande. Sa valeur ne se manipule pas à coups de planche à billets. Un gramme d’or conserve ainsi sa capacité d’achat alors que l’euro, lui, s’érode peu à peu. En période d’inflation élevée, le métal jaune prend donc logiquement de la hauteur.
Utiliser l’or pour préserver son patrimoine face à l’inflation est une stratégie éprouvée. À noter toutefois : en cas de hausse modérée des prix, investir dans des actions reste souvent plus pertinent, car les entreprises peuvent répercuter l’inflation sur leurs prix de vente et leurs résultats. En revanche, lors d’épisodes d’hyperinflation, c’est bien l’or qui s’impose comme ultime refuge.
Comment acquérir de l’or physique ?
La façon la plus concrète d’investir dans l’or : acheter des lingots ou des pièces. Cette solution vous place hors du système bancaire, ce qui rassure certains épargnants. Mais attention : trouver un lieu sûr pour stocker ses réserves est indispensable.
Autre point : il faut distinguer l’or d’investissement (pureté supérieure à 90 %, exonéré de TVA) de l’or commercial, présent dans les bijoux ou certaines pièces spécifiques.
Acheter de l’or chez un professionnel
Se rendre dans un comptoir d’achat et de vente de métaux précieux reste une option classique. L’achat s’accompagne d’une prime, c’est-à-dire la différence entre le prix du marché et le prix payé. Cette prime rémunère le vendeur et dépend de plusieurs facteurs : volume, qualité, rareté de la pièce.
Voici ce à quoi il faut s’attendre selon le produit acheté :
- Pour un lingot d’un kilo, la prime tourne autour de 2 %.
- Sur un lingot de 50 g, elle grimpe à 3 % environ.
- Une pièce Napoléon de 20 francs s’achète avec une prime proche de 5 %.
Pour optimiser votre achat, privilégiez les lingots ou lingotins d’une pureté supérieure à 99 %, indexés sur les cours mondiaux. Les pièces, elles, voient leur prix fluctuer davantage selon la période et l’endroit.
L’achat d’or sur Internet
De nombreux sites spécialisés permettent désormais d’acheter et vendre de l’or en ligne. La concurrence dynamique sur le web tire généralement les primes vers le bas, au bénéfice de l’acheteur.
Autre avantage : la plupart des plateformes proposent une livraison sécurisée, avec assurance contre la perte ou le vol jusqu’à réception du colis. Vérifiez toujours les conditions de livraison pour éviter les mauvaises surprises.
Les amateurs du contact direct peuvent, quant à eux, se tourner vers les bourses spécialisées, notamment à Paris où la concurrence entre comptoirs contribue à limiter les frais.
Fiscalité de l’or physique : ce qu’il faut savoir
L’achat d’or d’investissement échappe à la TVA. À la revente, deux régimes coexistent :
- Plus-value sur cession : 36,2 % (19 % d’impôt, 17,2 % de prélèvements sociaux). Après trois ans, un abattement annuel de 5 % s’applique, menant à une exonération totale d’impôt (hors prélèvements sociaux) après 22 ans. Ce régime impose que l’or soit traçable (numéro de lingot, pièce scellée) et que vous puissiez justifier de l’achat à votre nom.
- Taxe sur les métaux précieux : 11 % du montant total de la vente, quel que soit le gain ou la perte.
Conservez soigneusement tous les justificatifs liés à vos achats pour accéder au régime de la plus-value, nettement plus intéressant.
Si vous souhaitez approfondir, consultez notre dossier sur la déclaration de l’or aux impôts.
Investir dans l’or « papier » : flexibilité et modernité
Détenir de l’or physique implique des contraintes : stockage, sécurité, primes parfois élevées. Heureusement, il est possible d’investir dans le métal jaune sans jamais toucher un seul lingot. Plusieurs produits financiers permettent de répliquer la performance de l’or, simplement et rapidement.
Les ETF adossés à l’or
Les ETF (fonds négociés en bourse) constituent un moyen accessible pour s’exposer à l’or. Deux grandes familles existent :
- Les ETF investis dans des actions de sociétés minières aurifères (producteurs ou explorateurs d’or).
- Les ETF (ou ETC) investis directement dans des contrats à terme sur l’or, pour coller de près à l’évolution du prix du métal.
Pour une exposition fidèle aux cours de l’or, privilégiez le second type.
Voici quelques exemples d’ETF suivant l’or :
- Or physique Amundi (ISIN : FR0013416716)
- Or physique Xtrackers ETC (ISIN : DE000A1E0HR8)
- Or physique WisdomTree (ISIN : JE00B1VS3770)
Investir dans l’or devient alors aussi simple qu’ouvrir un compte-titres. Pour aller plus loin, découvrez notre comparatif des meilleures plateformes.
Certaines assurances-vie intègrent également des supports adossés à l’or, à l’image du contrat Linxea Avenir. Vous y accédez via un certificat fonctionnant comme un ETF, avec toutefois des frais généralement supérieurs.
Investir avec effet de levier : prudence de rigueur
En bourse, l’effet de levier permet d’investir au-delà de son capital de départ. Miser 1 000 euros et contrôler l’équivalent de 2 000, 5 000, voire 10 000 euros d’or : voilà qui démultiplie les gains… mais aussi les pertes. Plusieurs instruments financiers offrent cette possibilité, parmi lesquels certains ETF, mais aussi les CFD et les turbos.
Ce type de produit s’adresse clairement à ceux qui acceptent un risque accru.
Les CFD, pour une exposition dynamique à l’or
Les CFD (contrats sur la différence) reproduisent la variation de prix de l’or entre l’achat et la revente. Leur fonctionnement reste relativement accessible : ils permettent un effet multiplicateur jusqu’à x10, et répliquent presque parfaitement le cours du métal jaune.
Attention néanmoins aux appels de marge : il est impératif de disposer de fonds suffisants sur son compte, sous peine de devoir vendre à perte si les prix évoluent défavorablement.
Pour choisir la plateforme adéquate, consultez notre comparatif des courtiers CFD.
Les turbos : options avancées pour investisseurs avertis
Un turbo est un produit dérivé dont la valeur dépend du prix d’un actif sous-jacent, ici l’or. Ses principales caractéristiques :
- Date d’échéance (dans le cas des turbos illimités, il n’y en a pas).
- Prix d’exercice et barrière de désactivation, souvent identiques.
À l’échéance, la différence entre le prix d’exercice et le prix de l’or est multipliée par un coefficient défini. Mais si le cours passe sous la barrière de désactivation, l’investissement initial est perdu. Pour viser le long terme, il vaut mieux sélectionner une barrière éloignée du cours actuel : effet de levier moindre, mais exposition plus sécurisée.
Les turbos permettent aussi de parier sur la baisse de l’or, avec ou sans levier. Ils sont réservés aux comptes-titres : un bon courtier fait toute la différence.
CFD et turbos se révèlent donc pertinents pour profiter d’opportunités à court ou moyen terme. Ils permettent également de se positionner à la baisse sur l’or.
Fiscalité de l’or papier
La taxation dépend de l’enveloppe choisie : compte-titres ou assurance-vie.
- Compte-titres : imposition classique des plus-values mobilières, soit un prélèvement forfaitaire unique de 30 % (impôt + prélèvements sociaux).
- Assurance-vie : après 8 ans, un abattement annuel s’applique sur les gains, avec une imposition réduite. L’assurance-vie offre également des avantages en cas de transmission.
Pour une détention longue durée, l’assurance-vie reste souvent la meilleure option. Consultez notre comparatif des contrats pour affiner votre choix.
Tableau récapitulatif : faire le bon choix pour investir dans l’or
Entre or physique, ETF ou produits dérivés, compte-titres ou assurance-vie, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver. Ce tableau synthétise les principales options disponibles.
| Produit | Support | Fiscalité sur la plus-value | Frais à l’achat/revente | Profil adapté | Plateformes recommandées |
|---|---|---|---|---|---|
| Lingots/pièces | Or physique | 36,2 % (abattement dès 3 ans, exonération totale après 22 ans sauf prélèvements sociaux) | 2 % à 5 % à l’achat et à la vente | Placement longue durée pour amortir les coûts et réduire la fiscalité | Comparer les sites selon la prime appliquée et le volume |
| ETF | Compte-titres | 30 % | 0,4 %/an (ETF) + frais de courtage | Investissement moyen/long terme avec frais réduits | Degiro, XTB, eToro |
| Turbos | Compte-titres | 30 % | 1 € + 0,04 % par opération | Opportunités à court/moyen terme avec effet de levier | Degiro |
| CFD | Compte dérivés | 30 % | ~0,06 % par transaction | Stratégies court/moyen terme, levier pouvant aller jusqu’à x10 | XTB, eToro, Capital.com, Libertex |
| Certificat/ETF | Assurance-vie | Après 8 ans : abattement annuel, taux réduit (24,7 %) | 0,6 %/an (contrat) + 0,75 %/an (certificat) | Perspective long terme, transmission patrimoniale facilitée | Voir comparatif assurance-vie |
Ce panorama montre que chaque profil d’investisseur peut trouver chaussure à son pied. Que l’on veuille sécuriser un patrimoine, saisir des opportunités rapides ou préparer une transmission, l’or, sous toutes ses formes, reste une arme polyvalente. Reste à choisir son camp : coffre-fort ou écran d’ordinateur, lingot bien réel ou ETF à portée de clic. L’or, plus que jamais, impose ses propres règles du jeu.




